Comment ne pas se mistyper ?
- Julien Dzn
- 22 sept. 2024
- 17 min de lecture
Dernière mise à jour : 11 févr.

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MBTI et Ennéagramme :
Comment ne pas se mistyper ?
Cet article s’adresse aux personnes s'intéressant au MBTI et à l'Ennéagramme, et ayant déjà des notions dans ces modèles. Pour les plus avancés, j’espère qu’ils y trouveront tout de même quelques rappels et anecdotes.
Le MBTI et l’Ennéagramme (comme d’autres modèles ou méthodes complémentaires étudiant la personnalité, le BigFive, le DISC, ou encore la communication avec la PNL, l'Analyse Transactionnelle, etc...) se révèlent extrêmement complets et puissants lorsqu’ils sont pleinement exploités, d’autant plus lorsqu’ils sont conjoints, pour expliquer le psychisme profond d’une personne, ainsi que la dynamique de ses rapports avec soi, son environnement et autrui (relations personnelles, professionnelles, etc).
Le MBTI est une typologie de personnalité concernant les Préférences cognitives, tandis que l'Ennéagramme est un modèle à la base ésotérique et proposant un volet d'évolution intérieure plus prononcé.
Pour autant, bien qu’ils aient été très largement popularisés et démocratisés, on observe aussi avec leur vulgarisation des effets tant positifs que négatifs.
Tout d’abord, ils sont aujourd’hui extrêmement accessibles pour profiter et bénéficier à chacun dans la connaissance de soi et des autres, et dans un début de travail intérieur visant à l’individuation ou à plus de conscience et d’éveil. Un monde où les individus se comprennent et comprennent les autres, si cela avait lieu, ça ne se refuserait pas.
Toutefois, si l’on utilise ces deux grands outils —seulement— comme des typologies, on fige alors les individus (et soi-même) dans des représentations statiques, sans possibilité d’évolution ou de libération. On traite alors l’humain comme un archétype. C’est d’ailleurs l’un des reproches fréquemment adressés à ces modèles par des détracteurs ne distinguant visiblement pas l’un et l’autre (une personne ne se réduit pas à son type, et ce n’est pas ce à quoi sont destinés ces modèles, et encore heureux !). Un autre reproche, c'est la manière de déterminer son type. Si les « tests » gratuits ne sont pas la meilleure option, ce n'est pas pour autant qu'il n'existe pas d'autres options, et meilleures.
Pour ma part, mon approche fondamentale est que le cheminement et l’évolution de tout individu étant globalement une voie éminemment personnelle, intérieure et intime, on ne peut rendre systématiques ou standardisables d’éventuels processus de croissance selon notre type (faire du coaching, du développement personnel, de l’optimisation de compétences, du neuro-management, etc), ou bien, seulement très partiellement ou imparfaitement.
Alors au fond, pourquoi cet article ?
La seule chose sur laquelle je souhaite vraiment insister par cet article, c’est qu’un début de connaissance de soi, puis d’acceptation ou de libération de l’individu vis-à-vis de ses mécanismes n’est possible qu’à partir de l’instant où l’on a trouvé son vrai type —dans le cas contraire, on ne fait que rajouter une couche de faux-self (j’ai même envie de parler de : dissonance cognitive de l’identification).
Il existe plusieurs adeptes et connaisseurs « types » : ceux qui resteront distants du cœur du sujet et n'y voient que du divertissement, ceux qui gratteront la matière un peu plus au-delà de l’enveloppe, et ceux qui en extrairont quelque chose qui leur profitera concrètement, par-delà la théorie, dans leur vie.
Je m’adresse ainsi à ceux qui souhaitent trouver un peu plus de profondeur dans ces outils, lesquels trouveront finalement le plus d'écho auprès des personnes qui ont quelque chose à comprendre d’elles-mêmes. Et je souhaite que ces outils vous servent, sinon, en effet, il y a bien d’autres préoccupations tout aussi louables dans l’existence.
J’en viens au sujet de cet article, en me remémorant un avertissement d’un formateur d’Ennéagramme, lequel donnait par sa propre formule le message qui suit. Se tromper de type, intégrer que l’on serait de ce type alors que ce n'est pas le cas et s’y identifier fortement, tend à rendre l’Ennéagramme totalement inutile, inefficace, improductif, et pire encore, nous éloigne de notre être réel ou vrai moi (qui n'est pas notre type) plutôt que nous aider à le trouver et à s’en rapprocher. Ces propos me semblaient tellement appropriés.
En MBTI, si vous avez parcouru des articles, des forums et des groupes de discussion, vous avez très probablement croisé le terme de Mistype. Qu’est-ce qu’un mistype ? C’est une erreur de typage. C’est lorsqu’une personne pense ou indique avoir tel type, mais présente toutes les caractéristiques et composantes d’un autre type.
Étant Praticien MBTI certifié par la Myers-Briggs Company, je peux vous témoigner que leur approche, outre l’utilisation d’un questionnaire long de 88 questions (Type Apparent), consiste pour le praticien à présenter et exposer au client chacune des 4 dichotomies ou orientations du MBTI et le laisser s’auto-évaluer et se positionner sur celles-ci au moyen de plusieurs cas et exercices possibles (Type Validé). Tout cela s’avère au premier abord honnête.
Cependant, si le praticien peut avoir des biais divers, le client peut en avoir tout autant, et parfois même plus puisque le praticien MBTI se doit de connaître le MBTI dans ses subtilités et nuances, mais en principe d’également savoir clairement distinguer un type d’un autre pour éviter les erreurs de typage.
Ainsi, on pourrait se retrouver avec des personnes ayant été typées (ou plutôt, s’étant faites typées) par un praticien, mais qui un certain temps ensuite, doutent de plus en plus du type qui leur a été indiqué, et découvrent que leur véritable type était un autre.
Pour information, je n’utilise pas le questionnaire de la Myers-Briggs Company, car j’ai découvert qu’il pouvait induire en erreur certaines combinaisons, qu’elles soient fréquentes ou peu fréquentes (par exemple des personnes ayant pour type INFJ 5 [NiFe] en INTJ, ou ISFP 4 [FiSe] en INFP que j’ai par ailleurs évaluées moi-même en Entretien et en connaissance des Fonctions cognitives), mais j’utilise un autre questionnaire, utilisé dans le cadre professionnel et en entreprise, que je considère comme bien plus pertinent et solide dans son utilisation au cours de l’Entretien entre le client et le praticien. (Note : comme je le signale plus loin, j'ai été évalué en MBTI par cette méthode aussi.)
La question de Comment ne pas se mistyper renvoie directement à celle de Comment bien se typer.
Alors, sans être exhaustif, je vais d’abord énoncer quelques éléments fréquents répondant à la question Pourquoi se mistype-t-on ? (que ce soit en MBTI ou en Ennéagramme, ou spécifiquement à l’un ou l’autre).
Le syndrome du débutant :
En commençant à apprendre le MBTI et l’Ennéagramme, il est probable que l’on commence d’abord par vouloir trouver son type à soi plutôt qu’à comprendre les concepts qui articulent la structure de ces modèles (l’inverse serait en fait plus efficace dans la démarche de trouver son type, même si l’autre sens est humainement compréhensible).
On a ici à faire à des biais d’apprentissage ou du débutant.
Aux 4 Préférences correspond une pile de 4 Fonctions cognitives, de même que les 9 Ennéa-types sont des expressions des 3 Centres d’intelligence, de l’Orientation et de la Hiérarchie de ceux-ci, en tous cas dans l'École Française (ainsi que des nombreux mécanismes traités par le système). Chaque élément a dans ces modèles une place ordonnée précise, et c’est cette exactitude qui fait leur grande finesse.
Les tests en ligne :
Passer un test en ligne, aussi divertissant et ludique que cela puisse être, ne permet qu’une faible probabilité de trouver son vrai type, et encore moins une quelconque compréhension du modèle, car ces tests reposent d’une part sur de l’auto-déclaratif, et d’autre part évaluent souvent les comportements, et non les préférences cognitives (MBTI) et les motivations (Ennéa).
Un exemple que j’ai connu, c’est deux personnes qui m’ont toutes deux rapporté avoir effectué un test sur le site populaire [16personalities.com], et avoir obtenu le résultat INFJ. Avec tout le recul qu'il faut, selon moi (j’assume entièrement mon observation et j’insiste), la première est de type INFP 1w9 [FiNe] (un INFP moins commun que les 4 et les 9), et la seconde INTP 9w1 [TiNe], et je les ai côtoyées des années quotidiennement (collègues) : la première n’utilise clairement pas Fe et pas non plus Ni dans ses fonctions principales et conscientes, et la seconde a un Ti beaucoup plus élevé que son Fe (TP plutôt que FJ) malgré l’influence de la base type 9, le Médiateur. Les deux sont de type NP (avec fonction Ne) et improvisent largement dans leur mode de vie spontané tout en étant tournées vers les données abstraites et des possibilités futures, plutôt que viser à des objectifs stratégiques ou des plans précis dans le futur (NJ). D’ailleurs, les deux personnes n’ont pas suffisamment creusé le modèle pour distinguer par elles-mêmes INFP et INFJ, INTP et INFJ, par manque de temps ou d'intérêt.
Pour information, ce site (16 Personnalities) repose en fait sur une variante du modèle BigFive et ses 5 facteurs OCEAN (le -A et -T correspondent au Névrotisme) plus que le MBTI lui-même, qui est une marque déposée détenue par la société Myers-Briggs Company.
Le BigFive repose sur des pourcentages et de la statistique, alors que le MBTI repose sur les Fonctions cognitives énoncées par Myers et Briggs d'après les travaux de C.G.Jung.
L’auto-typage :
En soi, il y a peu d’objections légitimes à ce que l’on se type soi-même. La connaissance de soi est une affaire qui concerne en priorité l’individu en privé avec lui-même.
Dans ce sens, l’introspection et l’observation de soi sont vivement encouragées dans la pratique de l'Ennéagramme et constituent une voie vers la conscientisation de nos automatismes égotiques.
Toutefois, rester purement et simplement auto-référencé (se définir soi-même et par soi-même avec ses propres filtres déformants) peut trouver ses limites lorsqu’on manque d’objectivité sur soi, sur-évalue ou sous-évalue certains traits.
De plus, bien que des personnes d’un même type sont toujours uniques et différentes les unes des autres, elles ont toutefois des points communs dans leur fonctionnement (Fonctions cognitives et Mécanismes égotiques), liés à leur type partagé, et on trouve énormément d’expériences, vécus et éléments partagés entre eux ; c’est la quintessence de la Méthode des panels (aussi appelée —de manière un peu pompeuse— Tradition orale) de l’Ennéagramme.
Pour ce qui me concerne, j’ai été typé en MBTI par un Praticien en 2019 (et je ne regrette pas, car cela m'a permis de trouver mon vrai type et de faire un bond en compréhension, qui aurait été possible autrement, mais aurait sans doute pris beaucoup plus de temps ; et d'ailleurs j'utiliserai en Entretien MBTI une méthode similaire à celle avec laquelle j'ai été évalué, car elle fonctionne), tandis que je me suis typé en Ennéagramme seul depuis que je le connais en 2017. Et depuis, en ayant étudié les neuf types, tout converge vers le même résultat.
Je suis d’avis que le MBTI est un modèle plus simple que l’Ennéagramme qui lui est plus complexe car l’Ego est plus difficile à déjouer et cerner que la dualité des fonctions conscientes/inconscientes du MBTI.
Les biais de valorisation sociale :
De même, des biais de désirabilité sociale peuvent nous amener à nous voir sous certains traits plutôt que d’autres selon les normes et valorisations culturelles.
Par exemple, d’extrêmes simplifications peuvent faire penser que les personnes à Préférence F Feeling sont gentilles et celles avec T Thinking sont insensibles, ou que les I Introvertis sont timides et seuls les E Extravertis sont sociables et aptes à la vie en société : ce qui créé des préjugés dommageables si on les prend au premier degré.
D’ailleurs, en typage et typologie, je suggère qu’il vaut mieux ne pas s'identifier personnellement à un type ou à un fonctionner, éviter la subjectivité, et avoir la hauteur de vue nécessaire sur les données et les contextes.
Par exemple, j’ai déjà vu des personnes de types T Thinking s’identifier en types F Feeling ou vice-versa, des types avec Fi (FP) s’identifier à des types avec Fe (FJ), des types SP s’identifier en NJ (pour être plus précis, ISFP [FiSe] en INTJ et ISTP [TiSe] en INFJ, soit des types avec les mêmes fonctions, mais dans un sens semi-opposé, et toutes deux ont pris leur fonction tertiaire pour leur fonction dominante) à la fois pour ces raisons, mais aussi par manque d’objectivité ou de recul sur soi, ou de compréhension suffisante des Préférences ou des Fonctions cognitives et de leur ordre.
Pour rappel, les types ne contiennent aucun jugement de valeur, et tous ont des qualités et des défauts, des talents et des zones de moindre compétence, avec leurs propres défis de vie. Aucun type n’est plus valorisable qu’un autre.
Stéréotype et Archétype :
(Comportement et fonctionnement)
Liée à d’autres éléments déjà évoqués, je pose l’idée qu’un Archétype n’équivaut pas à un stéréotype. De même qu’un type constitue une structure stable et générale, et en aucun cas une humeur ou une période passagère.
De même, en Ennéagramme, on étudie les motivations profondes, les Peurs, les Désirs, les Compulsions d'évitements, les Passions et Fixations, et non les comportements apparents. Derrière un comportement peuvent se cacher 9 motivations bien différentes les unes des autres.
J’entends parfois une personne ou l'autre dire : « Adolescente, j’étais une artiste ISFP, adulte je suis une farceuse ENFP, et au troisième-âge je serai une ENTP-ESTJ 7w8, ça ne me sert à rien de me mettre dans une case, je n'ai pas de structure psychique stable. » (J’ai volontairement grossi l’exemple.) Être timide, souffrir d’anxiété ou de manque de confiance en soi n’équivaut pas à de l’Introversion (au sens jungien).
De même, un peu plus sérieusement, un certain nombre de 6 et de 9, et parfois 3, commencent souvent par se mistyper en d’autres types ; en effet, ce sont parmi les types les plus adaptables et ayant un « sens du soi » le moins développé, et parmi les plus enclins à ne pas trouver du premier coup leur type. Un 6 que j'ai connu se voyait 5 (son Aile), voire 9 (son type d'Intégration)... mais il ne voulait absolument pas se voir 6, et ce pendant des années, alors qu'il en présentait tous les critères (Centre Mental avec Orientation vers l'intérieur et l'extérieur, Compulsion d'évitement de la Déviance, Fixation de Doute et Contre-Fixation, Passion et Contre-Passion, Mécanisme de défense privilégié, Style de communication, etc).
Pour information, insister aurait été inutile, car chaque personne est l'investigatrice de sa propre introspection. Il existe aussi un Code d'éthique de l'Ennéagramme suggérant que l'on peut aider une personne à comprendre le modèle à sa demande, mais qu'il est extrêmement déconseillé de lui annoncer qu'elle serait d'un type ou un autre si elle n'a rien demandé (même sans ce Code, il faudrait avoir beaucoup d'éléments fiables et certains, ainsi qu'une vue d'ensemble assez large). L'Ennéa-type renvoyant à des blessures, des peurs, voir des traumas inconscients, cela pourrait profondément déstabiliser une personne n'étant pas prête à explorer de telles facettes de sa personnalité.
Derrière un Mistype peut aussi se trouver ce qu'on se cache à soi-même, et ce qu'on refuse de voir à cause d'une estime de soi fragile, des blessures diverses... c'est un équilibre factice et fragile que la personne conserve inconsciemment tant qu'elle en aura besoin... jusqu'à choisir d'accéder à plus de conscience et de vérité.
On ne change pas de type de base. Il nous accompagne toute notre vie. En revanche, l’individu peut grandir et évoluer. Il évolue à l’intérieur de son type, c’est-à-dire qu’il peut acquérir expérience, maturité, renouvellement et sagesse, trouver et rencontrer son Ombre, explorer les parties les plus reculées, réprimées, mal-aimées et blessées de lui-même, tout en conservant sa structure type ; car celle-ci est dynamique et non enfermante. Tout comme un type est relié aux autres et peut accéder aux ressources de ceux-ci.
On peut être indifférent à la typologie, aux « types » et n'y voir que des étiquettes, des modèles, des abstractions… Mais ils offrent toutefois à qui les approfondit une compréhension de soi et des autres que peu d’outils permettent autrement. Ce sont des synthèses d’une extrême clarté et limpidité, lorsqu’elles sont sainement comprises et utilisées. Les types sont des éclairages ou des portes, pas des prisons. Notre type est à la fois notre pire ennemi et notre meilleur allié.
Et ce qui compte derrière, c’est la nature véritable et non le masque. Mais sans conscience du masque et des prisons que l’on s’inflige inconsciemment à soi-même, on accède rarement à une conscience réelle de soi.
Alors, maintenant qu’on a vu les principales erreurs à éviter pour ne pas trouver son type, Quels seraient les meilleurs moyens de trouver son type ?
Apprendre le modèle par soi-même, en autodidacte :
C’est une solution d’apprentissage envisageable, à condition d’y mettre suffisamment de temps, de motivation, d’énergie, de concentration, et de consulter de bonnes sources.
En MBTI, beaucoup de contenu gratuit existe sur le net (pour l'écrit, je recommanderais plus l’anglais que le français, car les anglophones ont beaucoup plus traité et exploré exhaustivement le sujet). Lire ou regarder de nombreuses sources afin d'avoir différents sons de cloche pour faire la part des choses est également conseillé. Voir ce qui relève de la théorie d’ensemble, du témoignage personnel, du général et du particulier, car les nuances sont toujours nécessaires.
Pour repérer le type de certaines personnalités célèbres, même si personnellement c'est un domaine qui m'intéresse et que je pratique de temps à autre, je recommanderai d'être prudent face aux sites comme [PDB Personality Database] : si en MBTI cela se tient —de temps en temps, par contre en Ennéa les typages sont souvent très approximatifs et inexperts, avec des biais de comportementalisme.
Parmi les mistypes que je vois (à la date où j'écris cet article) :
- Aurélien Barrau typé ENTP 5w4 (je le pense plutôt INFJ 1 [NiFe])
- Cédric Villani typé INTP 5w4 (je le pense INFP 5w4 [FiNe], encore un INFP peu commun)
D'ailleurs les deux ont très probablement un T-HQI. On peut être scientifique, chercheur ou mathématicien, Et de tempérament NF. Etc.
Le mieux serait d'argumenter un peu, car les intuitions ne suffisent pas toujours, mais ce n'est pas l'objet de l'article présent, déjà bien long. C'est aussi l'indice que le consensus (populaire ou non) n'est pas toujours juste.
Si on ne peut avoir une certitude à 100% du type de personnalités publiques car il faudrait que la personne concernée passe une évaluation ou un entretien MBTI avec un bon praticien, en revanche c'est parce que des personnes connaisseuses ont investigué et effectué des recherches, confronté leurs hypothèses à celles d'autres dans des débats sensés, que l'on sait par exemple que Carl Gustav Jung et Adolf Hitler étaient probablement des INFJ [NiFe], que Donald Trump est ESTP [SeTi] (les Extravertis sont souvent plus faciles à typer car expriment de manière plus visible et évidente leur personnalité), etc. Même si un individu peut se montrer en représentation ou sous sa persona publique, il est souvent difficile de le faire en permanence.
Pour l’Ennéagramme, qui à mon sens est un modèle plus complexe demandant plusieurs années à être assez bien saisi et maîtrisé (parfois 5 ans et plus), je recommanderai avant toutes choses d’investir dans la lecture d’ouvrages écrits par les grands auteurs de ce domaine, car ils sont de meilleure qualité que les informations souvent partielles que l’on peut trouver sur le net, et qui ne sont qu’une introduction au modèle. Les vidéos et articles gratuits ne sont souvent fiables que s’ils viennent d’instituts, formateurs et praticiens.
Éviter les tests en ligne, ou bien les relativiser et ne les voir que comme des indices demandant parallèlement une introspection et une observation de soi beaucoup plus fine et constructive. Au mieux, ils peuvent exclure certains types et centrer la recherche autour d’autres. Dans tous les cas, ces tests se basant sur de l’auto-déclaratif et non-accompagnés ne donnent nullement des résultats définitifs.
Éviter les divers biais (comportements contre motivations, valorisations personnelles, désirabilité sociale, déni ou aveuglement autour des points vulnérables, etc). Et ne pas utiliser ces modèles pour se valider dans ses biais d'auto-perception (c'est extrêmement courant et malicieux comme mécanisme de l'esprit !).
Certaines dispositions et vécus particuliers (maladies physiques, troubles psychiques, ou dans un autre registre HPI, TSA, Dys-, etc) peuvent aussi influencer le fonctionnement effectif ou cognitif de l’individu au quotidien, et compliquer la recherche de son type MBTI ou Ennéagramme. Il faut alors déceler ce qui relève de l’un et de l’autre, pour ne pas s’emmêler les pinceaux. Un mistype peut aussi avoir pour cause un élément particulier d’une vie (difficultés, sur-adaptation, niveau d'intégration ou de désintégration, traumas, etc), et relever d’un point particulier plutôt que de l’ensemble.
Trouver (et comprendre) son type demande un temps variable d’une personne à l’autre. Pour certains, cela peut prendre un mois, et pour d’autres, cela peut prendre des années. Dans tous les cas, il n’est ni recommandé de persister pour persister, tout comme il serait dommage d’abandonner et de se priver de ce que ces outils pourraient apporter à ceux qui s’y intéressent. Il s’agit plutôt de prendre le temps qu’il faut, parfois de faire une pause et de laisser la vie suivre son cours.
En Ennéagramme, suivre une formation ou un stage :
Cette démarche volontaire nécessite des moyens financiers plus conséquents, et donc un investissement personnel de l’apprenant pour que ce modèle lui apporte réellement un bénéfice dans sa vie.
À noter, la solution intermédiaire est de souscrire à des formations en ligne ou des modules d’approfondissement par des formateurs Ennéagramme, et dont le prix est intermédiaire, tout en vous garantissant une qualité de contenu.
Si beaucoup de formateurs insistent sur l’utilité des stages présentiels, c’est que ceux-ci, lorsqu’ils sont bien réalisés, apportent une vue d’ensemble sur le modèle, plutôt que focaliser sur certains détails isolés quant aux fonctionnements des types. Ils font aussi intervenir les trois Centres (présence, écoute et compréhension) dans la Tradition orale (Méthode des panels), et rendent le modèle plus vivant et nuancé que seulement théorique et mental. Rencontrer d’autres apprenants, des professionnels et confronter son regard, voire ses préjugés, apporte aussi une ouverture et un enrichissement que le mode autodidacte seul permet rarement.
Passer un entretien avec un professionnel pour trouver son type :
Un ami, qui pratique aussi l'Ennéagramme et aussi (bientôt) Thérapeute, me signalait un jour à quel point il est difficile de voir ses propres mécanismes (automatismes, refoulements, points aveugles, etc) par soi-même et sans le regard d’un autre.
C’est aussi ce que je constate lorsque je vois des personnes (qu'elles soient jeunes ou plus âgées…) s’enfermer seules dans leur vision, se concevoir de tel type pendant des années alors que tout chez elles crie et évoque un autre type, sans saisir l'élément manquant qui leur permettrait de mettre à jour leur regard. C’est d’ailleurs pourquoi il est tellement bénéfique d’échanger de manière constructive, réceptive et saine avec d’autres personnes sur ces sujets (que ce soit le MBTI, l’Ennéagramme, ou encore la psychologie humaine).
En MBTI, on a beau avoir des personnes extrêmement différentes dans un type, d’âges, de cultures, de maturités diverses, ce qui constitue un type, c’est sa pile ordonnée de Fonctions cognitives. Par exemple, sans fonction Fe dominante ou auxiliaire, un FJ n’est pas FJ. Point. Pareil pour tous les autres exemples analogues qu’on pourrait donner : un NP utilise la fonction Ne en dominante ou auxiliaire et Si en tertiaire ou auxiliaire, etc.
En Ennéagramme, un type se définit par des mécanismes principaux (Peur primaire, Désir Primaire, Compulsion d'évitement, Passion, Fixation) et bien d’autres qui sont inclus dans le modèle, et permettent finement de distinguer un type d’un autre. Et, comme dit précédemment, tous les individus d’un type ont leur vécu personnel particulier et leurs traits de caractère particuliers. Tous les individus de type 1 ne sont pas psycho-rigides et opposés à toute forme d’imagination ou de récréation, et c’est tant mieux.
Un Praticien MBTI ou Ennéagramme, et vous pouvez vous en assurer par ses propos et le contenu qu’il met à disposition gratuitement, se doit d’être au courant de tous ces éléments et de toutes ces nuances. C’est grâce à cela qu’il peut débloquer et faire avancer, parfois de manière non négligeable, une personne dont l’introspection serait entravée par un élément qui lui aurait échappé, et ce peut-être depuis un bout de temps.
Comme je l'énonçais en début d'article, on ne débute éventuellement la connaissance de soi et son chemin intérieur (avec ces deux outils) qu'à partir du moment où l'on a trouvé son vrai type. Dans le cas contraire, on ne fait que se raconter des histoires et entretenir des illusions.
Et de même, trouver son type ne résout pas tout comme par enchantement et n'est pas une finalité qui se suffit à elle-même, mais constitue un point de départ vers la connaissance de soi, et éventuellement vers une libération de son Ego, si on décide d'entreprendre un effort vers celles-ci.
Cet article n’est nullement une dénonciation des usages novices, baroques ou détournés du MBTI et de l’Ennéagramme (et on sait à quel point l’esprit humain aime se jouer des tours à lui-même). Mais plutôt un constat dans un contexte où l'information disponible dans l'espace public reste toujours partielle et non-exhaustive, parfois de qualité et parfois moins, et peut prêter à certaines confusions.
Bien qu'il convienne de rappeler que ces modèles constituent des portes de compréhension et non une vérité arrêtée, on peut aussi souligner que des mal-interprétations peuvent aussi détourner ces outils de leur vocation d'origine, c'est-à-dire d'aller dans le sens de la connaissance de soi.
D’un certain point de vue, typer les autres peut partir d’une bonne intention (aider autrui à se comprendre, à moins souffrir de son Ego, à débloquer certains automatismes problématiques dans la vie de tous les jours, etc). Mais son mauvais pendant, la chasse aux mistypes, surtout si ceux qui la pratiquent ont eux-mêmes un raisonnement approximatif, erroné voire grossier, peut tout aussi bien devenir nuisible. D’où l’importance d’un « bon » usage de l’esprit critique, de la cohérence et de l’argumentation logique, au-delà des préjugés et des croyances, et tout cela non sans un peu de clairvoyance.
Toute personne souhaitant être aidée ou éclairée, et seulement si c’est le cas, trouvera alors certainement la voie vers la connaissance ou l'interlocuteur les plus adéquats.
Je vous laisse les juges lucides de tous ces éléments d’analyse et de réflexion.
Par Julien Dzn
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