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Le type de Freud


Sigmund Freud, 1935
Sigmund Freud, 1935




Le Type de Freud


Cet article ne relève guère d’une étude approfondie de la biographie ou des théories intellectuelles de Sigmund Freud, mais se concentre sur des éléments enclins à permettre d’en dresser le portrait de sa personnalité par le prisme typologique du MBTI et de l’Ennéagramme.


Cerner le type de grands personnages historiques ou célèbres constitue parfois une tâche difficile, nécessitant beaucoup d’interprétations et d'esprit de synthèse, puisque leur représentation ou leur légende peut brouiller les contours entre ce qui relève de leur personnalité réelle et l’image parfois subjective que leurs contemporains et critiques ultérieurs ont tenté de leur attribuer.




Biographie succincte :


Médecin et neurologue de formation, Sigmund Freud est au courant du XXème siècle l’inventeur d’une nouvelle discipline révolutionnaire : la Psychanalyse, une approche novatrice de la compréhension de l’esprit humain par son Inconscient.

Si la Psychanalyse est depuis lors contestée ou partiellement tombée en désuétude un peu partout dans le monde (un peu moins en France qui reste culturellement attachée à cette approche), elle reste le corpus qui a historiquement permis l’émergence de la Psychologie moderne.



Sigmund Freud naît le 6 mai 1856 à Freiberg (dans l’Empire d’Autriche, aujourd’hui République Tchèque) et meurt le 23 septembre 1939 à Londres.


Il est le fils d’un marchand de laine, Jacob Freud, décrit comme ayant un caractère doux, sage, léger, parfois autoritaire, croyant mais moins rigide quant aux traditions que d’autres membres de sa famille. L’ambivalence de Sigmund face à son père « soumis et vague » serait source de son propre caractère combatif, de son ambition, mais aussi de sa recherche de figures paternelles fortes (comme Ernst Wilhelm von Brücke ou Josef Breuer).


Sa famille s’installe à Vienne en 1860, là où il passera l’essentiel de sa vie jusqu’en 1938.


Le jeune Sigmund est un élève curieux et brillant, largement en avance par rapport à ses camarades, intéressé par la philosophie, le droit, et la médecine. C’est cette dernière qu’il choisit d’étudier après avoir obtenu son baccalauréat à 17 ans en 1873. Il se concentre sur la neurologie et les maladies du système nerveux, et obtient son diplôme de Médecine en 1881.


Freud reçoit une bourse en 1885 pour suivre un stage à la Salpêtrière à Paris auprès du docteur Charcot, le neurologue le plus éminent de l'époque. Freud y précise sa connaissance de l'hystérie, la pathologie la plus diagnostiquée à l'époque, et sur les traitements par l’hypnose.


De retour à Vienne, Sigmund Freud ouvre son cabinet de consultation. Il pratique la médecine et la neurologie conventionnelles, et se livre parallèlement à ses recherches sur le traitement par l’hypnose. En collaboration avec Josef Breuer, il étudie le cas célèbre d’Anna O. Il publie les Études sur l'hystérie en 1895. Par l’hypnose, il entend faire revivre à ses patients des souvenirs refoulés pour les guérir de leur maladie. Toutefois, le corps médical est hostile à de telles méthodes.



Invention de la Psychanalyse


Abandonnant l’hypnose au profit de la libre association, Freud met en place la cure par la parole ; il laisse ses patients s’exprimer librement afin de faire surgir des éléments de leur inconscient, leur évitant la censure qu’impose le langage social habituel.

En 1896, Jacob Freud, son père, meurt, ce qui affecte profondément Sigmund, qui se livre à une auto-analyse. Ceci influencera ses réflexions sur le deuil et sur l’interprétation des rêves.


Freud s’engage dans une réflexion sur la sexualité infantile et le complexe d’Œdipe, qui se développe lors des phases du développement psychosexuel qu’il théorise lors de cette période féconde.

Il publie L'Interprétation du rêve en 1899, et Trois essais sur la théorie sexuelle en 1905.

Un bon nombre de médecins sont hostiles à de telles théories, mais Freud s’entoure néanmoins de collègues tels que Karl Abraham, Sándor Ferenczi, Alfred Adler, ou Carl Gustav Jung.

Néanmoins, le mouvement initié par Freud connaît des dissensions quant à la théorie de fond, ou aux méthodes pratiques de l’analyse. De plus, la Première Guerre Mondiale fragilise les possibilités d’avancées de la psychanalyse.

Vers 1920, Freud avance de nouveaux concepts comme la pulsion de vie et la pulsion de mort, ainsi que sa topique Moi, Ça, Surmoi.


Freud étend son analyse à la société et au rôle de la religion, avec ses ouvrages L'Avenir d'une illusion (1927) et Malaise dans la civilisation (1930).


Malgré les controverses suscitées par son œuvre, Freud obtient en 1930 le prestigieux Prix Goethe, ce qui équivaut à une reconnaissance pour ses travaux.

Sa fille Anna est la seule de ses six enfants à devenir psychanalyste et à poursuivre l'œuvre du père.



La fin de Freud est toutefois difficile. Il est atteint d’un cancer de la mâchoire depuis 1923, en raison de son tabagisme, étant grand fumeur de cigares.

Dès 1933, ses œuvres sont brûlées par les nazis en Allemagne.

En 1938, l’Autriche est annexée par l’Allemagne. Freud est contraint de s’exiler avec sa famille à Londres.

Affaibli et malade, il y passe la dernière année de sa vie. Face à son cancer incurable et ses douleurs insupportables, il reçoit à sa demande une dose létale de morphine et meurt à 83 ans.





I/ Le type MBTI de Freud :



Freud : un Introverti, ou un Extraverti ?


Au cours des années 1911-1921 qui aboutissent à la parution des Types psychologiques, Carl Gustav Jung élabore les notions d’Introversion et d’Extraversion, ainsi que quatre fonctions cardinales (Pensée, Sentiment, Sensation, Intuition). Dans cette tentative de cerner les orientations naturelles de la psyché humaine qui structurent la représentation du réel chez les différents individus, il confronte conscient et inconscient, rationnel et irrationnel, expérience et élaboration théorique.


« La terminologie – introversion et extraversion – est liée à ma conception énergétique des phénomènes psychiques. Je postule une aspiration fondamentale hypothétique que j’ai qualifiée de libido. […] Le type introverti se caractérise par le fait que sa libido se tourne en quelque sorte vers l’intérieur de la personnalité, c’est-à-dire qu’il trouve en lui-même la valeur absolue. Le type extraverti au contraire tourne sa libido vers l’extérieur, il trouve la valeur absolue dans l’objet. » 


Pour Jung, Freud représente clairement la psychologie de l’extraverti, et en contraste, Ferenczi celle de l’introverti. Il justifie aussi par cet état que les deux ne parviennent pas à se comprendre et s’entendre.


Lorsque Jung lui présente sa théorie de l’introversion et de l’extraversion, Freud considère l’introversion comme un « retrait de la libido sur des objets imaginaires ou des fantasmes ; en ce sens l’introversion constitue un temps de la formation des symptômes névrotiques, temps consécutif à la frustration et pouvant conduire à la régression. »

Il perçoit surtout de ce mouvement vers l’intérieur l’aspect névrotique, pathologique, et narcissique.


Les partisans de Jung notent qu’en tant qu’extraverti, Freud n’a pas saisit dans l’introversion « l'approfondissement du non-moi psychologique et objectif par un moi conscient de ses limitations, de ses incomplétudes, et qui cherche à s'orienter, grâce à des points de repère, dans son monde intérieur, et à découvrir les ouvertures de celui-ci ». (Roland Cahen)


Le regard critique et négatif de Freud quant à l’attitude introvertie dénote surtout qu’il ne la comprend pas et qu'elle lui est étrangère.


De plus, Jung considère clairement Freud comme doté d’un type psychologique relevant de l’extraversion, contrairement à lui-même.




Freud, quel type et quelles fonctions cognitives ?


Lorsqu’on effectue sur la toile des recherches sur le type MBTI de Freud, on est orienté vers plusieurs possibilités, principalement ISTJ, ESTJ, ou INTJ.

Ces types se situent tous dans l’axe TJ (utilisant les fonctions Pensée extravertie, puis Sentiment introverti : Te/Fi).


Beaucoup d’amateurs ou professionnels du MBTI et de la Psychologie ont déjà tenté de cerner la personnalité de Freud. Parmi les sources intéressantes, j’en relève quelques unes, qui m’ont largement aidé à écrire cet article :






Quelques citations, même si elles sont à nuancer ou contextualiser dans une vision d’ensemble, et non à prendre au strict premier degré et séparément, vont m’aider à étayer mon propos :


Carl Jung : « Freud est un personnage très névrosé... Il est donc difficile de déterminer son type. »


Freud : « Toute ma vie, j’ai dû dire aux gens des vérités difficiles à avaler. »


Freud : « [Mes présentations publiques sont] des choses grossières destinées aux masses. »


Freud : « Mes pensées… me semblent précieuses parce qu’elles sont le résultat de mes propres efforts. »


Freud : « Je présente [ma pensée] de manière dogmatique, comme s'il s'agissait d'un édifice doctrinal achevé. Mais ne croyez pas qu'il soit né immédiatement de cette manière, comme un système philosophique. Je l'ai développé très lentement, j'ai lutté longtemps pour chaque petit morceau, je l'ai modifié continuellement, en contact constant avec l'observation. »


Freud : « J’ai certainement une disposition à la tyrannie. »


Carl Jung : « Dans les types rationnels extravertis [c'est-à-dire EJ]... Le jugement [des objets extérieurs] prendrait comme base la psychologie individuelle de l'observateur, qui serait imposée de force aux objets observés. À mon avis, c'est le cas dans la psychologie de Freud et celle d' Adler. »

[Bien que Jung considère Adler comme tantôt introverti (en comparaison à Freud), tantôt extraverti, celui-ci avait potentiellement un type avec fonction dominante Sentiment extraverti, Fe, comme ENFJ]



Le pragmatisme, le rationalisme, l’esprit d’organisation et de structure dont fait preuve Freud suggèrent qu’il soit bien un utilisateur (dominant ou auxiliaire) de la Pensée extravertie, Te.

Loin de se contenter de fournir une théorie d’explication des schémas de l’esprit, sa compréhension est empirique, basée sur des faits concrets et l’expérience. Elle ne se limite pas à un corpus ou un discours purement théorique. La pratique effective de ses méthodes est indissociable du développement de sa pensée intellectuelle.




Freud, un Sensitif ou un Intuitif ?


Freud : « [Peut-être que j’ai] pris les détails trop au sérieux et trop en profondeur. »


Freud : « Je ne suis pas quelqu’un qui « comprend » intuitivement les gens. »


Carl Jung : « [La théorie de Freud] se limite strictement aux faits empiriques [et] accorde le plus grand rôle à la sensation. »


C.G. Jung : « Je suis venu chez Freud pour les faits. J'ai lu L'Interprétation des rêves et je me suis dit : « Oh, voilà un homme qui ne se contente pas de théoriser, voilà un homme qui possède des faits. »


Plusieurs citations rapportées concernant son inclinaison à considérer les faits et les détails, ont été interprétées dans le sens que Freud serait d’un type Sensoriel (par exemple, ISTJ ou ESTJ).


Néanmoins, les propos tenus par Jung pourraient être interprétés de plusieurs manières :


Freud a une Préférence Sensation (S)


Freud est un homme accordant une importance au pragmatisme et à l’empirisme au-delà de la théorie et la pensée abstraite pures pour elles-mêmes (en raison de sa Pensée extravertie dominante, Te), ce qui contrasterait avec bon nombre de types Introvertis plus théoriciens ou abstraits (INTJ, INFJ, INTP, INFP…)


Freud : « Par nature, je n’ai pas de talent pour la philosophie. »


Freud : « La philosophie avec sa nature abstraite me déplaît. »


Freud aurait une fonction Sensation plus forte et présente que Jung lui-même (un INFJ avec Sensation extravertie inférieure), qu’il soit d’un type S ou N, incluant la possibilité d'une fonction Sensation tertiaire.



Si l’on contextualise l’importance donnée au pragmatisme par Freud, ces éléments cités me semblent plus relever de sa fonction Pensée extravertie dominante (Te dom), plutôt qu’à une possible Préférence Sensation en elle-même.



Ce sont ainsi les deux dernières interprétations possibles énoncées que je retiens.


Ceci oriente le profil de Freud vers la possibilité et la probabilité qu'il soit d’un type NJ plutôt que SJ, donc sur un axe Intuition introvertie et Sensation extravertie (Ni/Se), plutôt que Sensation introvertie et Intuition extravertie (Si/Ne).


Toute l’œuvre et les travaux de Freud reposent sur l’explication du psychisme qui structure et influence l’homme à son insu, par l’exploration de l’Inconscient qui influence le Conscient, par la libido ou les pulsions refoulées, le complexe infantile de l’Œdipe, par l’interprétation des rêves, des actes manqués, des lapsus, des mécanismes de défense, par les instances du Moi, du Ça et du Surmoi en conflit les unes contre les autres… dans la finalité de guérir le patient de ses névroses.


Tant de concepts et de structures éclairant les schémas abstraits derrière le réel et le monde concret, mais influençant étroitement ceux-ci, ont bien plus de chances de refléter l’esprit d’un utilisateur de l’Intuition introvertie (un NJ), formulant une vision abstraite et ordonnée du psychisme humain (comme Jung), plutôt que d’un utilisateur de la Sensation introvertie (un SJ). Son sens de l’innovation semble également plus fort que son sens de la tradition et des méthodes déjà éprouvées ; il s’appropriera l’hypnose dans sa propre méthode personnelle.




La Fonction inférieure et le type Ombre de Freud :


Alors qu’il considère d’abord Freud comme un individu avec un type Penseur Extraverti, Jung voit sa vision varier et évoluer avec les années.


Jung : « Quand [Freud] pensait quelque chose, il en était lui-même surpris et cela devait être juste !… Cela m’a fait penser plus tard que sa vie émotionnelle… avait été perturbée d’une manière ou d’une autre, gravement perturbée. Et qu’à l’origine il n’était pas du tout un penseur, mais qu’il commençait à penser de manière secondaire et avec beaucoup de difficulté.… Quand le sentiment est effrayé, on s’échappe dans la pensée ! »

[Issu d’une conversation avec Kurt Eissler]


Jung, Lettre à Ernst Hanhart, 18 février 1957 :


« Sur la base d’une connaissance précise de son caractère, je considère qu’il était à l’origine un type de sentiment introverti avec une pensée inférieure. Lorsque je l’ai connu en 1907, son type originel était déjà imprécis sur le plan névrotique. En observant un névrosé, on ne sait pas au début si l’on observe le caractère conscient ou inconscient. Freud, à l’époque comme plus tard, présentait l’image d’un penseur et d’un empiriste extraverti. Sa surévaluation de la pensée, alliée à son mode d’observation irresponsable, m’ont fait douter de son type. La surévaluation subjective de sa pensée est illustrée par sa maxime : « Cela doit être vrai, car je l’ai pensé ! » Son mode d’observation irresponsable est démontré par le fait que, par exemple, aucun de ses cas d’hystérie « traumatique » n’a été vérifié. La terrible vérité que la plupart —pas toutes— des séductions dans l’enfance que ses patients lui avaient révélés et sur lesquels il avait construit toute sa théorie de l’hystérie n’avaient jamais eu lieu ». Il s’est fié à la véracité de ses patients hystériques.


Lorsque j’ai analysé Freud un peu plus en détail en 1909 à cause d’un symptôme névrotique, j’ai découvert des traces qui m’ont conduit à conclure à une lésion marquée de sa vie sentimentale. L’expérience montre que dans de tels moments, le type de sentiment bascule vers la fonction de pensée, en même temps que la surévaluation compensatoire. La fonction auxiliaire originelle —dans ce cas l’intuition— est remplacée par une « fonction du réel » quelque peu déficiente. Cette transformation a été qualifiée par les Français de « simulation dans le caractère ».


Freud, quand on l’a mieux connu, se distinguait par une fonction de sentiment nettement différenciée. Son « sens des valeurs » se manifestait dans son amour des pierres précieuses, du jade, de la malachite, etc. Il avait aussi une intuition considérable. Mais l’image superficielle qu’il présentait au monde était celle d’un penseur extraverti et empiriste qui tirait sa philosophie de la vie de l’homme de la rue, qui est censé être moderne. »



Les fonctions Pensée extravertie Te et Sentiment introverti Fi étant opposées mais corrélées l’une à l’autre, il est bien probable que Jung ait aperçu la manifestation de l’Ombre de Freud, notamment dans son « sens des valeurs » et ses goûts personnels et privés : l'affection des objets matériels, des belles pierres... (Sensation)


Il indique aussi que la fonction auxiliaire de Freud serait Intuitive. (Jung étant quant à lui très certainement un Intuitif dominant)

Nous avons le choix entre INFP et ENTJ.

Suivant ma réflexion intégrant l’axe Te/Fi chez Freud, j’exclus les types INTP et ENFJ.


Freud : « Je ne suis pas quelqu’un qui « comprend » intuitivement les gens. »


Freud : « [J'entends dire que beaucoup de gens ont] le sentiment d'un lien indissoluble, d'être un avec [l'univers]. D'après ma propre expérience, [je n'ai pas] un tel sentiment. ... Il n'y a rien dont [je sois] plus certain que le sentiment de [mon] moi, de [mon] ego. »


Ces deux citations me semblent éloigner la possibilité que Freud ait une fonction Sentiment extravertie (Fe) valorisée.


De plus, pour rappeler la probable préférence Extraversion que Jung évoque au sujet de Freud, un ISTJ ou un INTJ a rarement tendance à paraître Extraverti, que ce soit cognitivement ou socialement (à moins d'avoir un Ennéatype 8 ou 7, ce qui est également moins fréquent pour les types IxTJ).



Freud étant selon mon analyse un ENTJ [TeNi], son type Ombre inversée serait logiquement et naturellement le type ISFP.

Chez le type ESTJ, l'ombre INFP a plus tendance à se focaliser sur ses affects et idéaux abstraits personnels, plutôt que ses goûts pour « les choses » ou préférences esthétiques.


Ses fonctions extraverties, les plus visibles, qu’évoque Jung, seraient la Pensée extravertie Te et la Sensation extravertie Se. Et ses fonctions introverties, plus privées, seraient l’Intuition introvertie Ni et le Sentiment introverti Fi.


Chez Freud, le duo de fonctions Te auxiliaire + Se tertiaire ont certainement fait émerger un caractère empirique, pragmatique, apte à considérer les faits concrets, aux yeux d'un INFJ tel que Carl Gustav Jung.



Les fonctions de Freud, seraient ainsi, dans l’ordre :


Fonction dominante : Pensée extravertie (Te)

Fonction auxiliaire : Intuition introvertie (Ni)

Fonction tertiaire : Sensation extravertie (Se)

Fonction inférieure : Sentiment introverti (Fi)


Il appartient au tempérament des NT, c’est-à-dire des Rationnels.





II / L’Ennéatype de Freud :


Sigmund Freud, en tant que grand intellectuel, théoricien et inventeur, est souvent considéré comme un type 5 ou 6, c’est-à-dire, à juste titre, comme un individu privilégiant le Centre Mental.


Russ Hudson mentionne Freud comme 5 avec une aile 6.


Claudio Naranjo mentionne Freud comme 6 sous-type Social.


Eli Jaxon-Bear mentionne Freud comme 6 sous-type Sexuel.


N’étant pas un Instinctif comme par exemple Gurdjieff (ENTJ 8) ou Aristote (ENTJ 1), il ne paraît pas immédiatement préoccupé par l’action, le contrôle, la colère, la justice ou l'injustice, l’influence...


Il ne semble pas non plus centré sur son identité ou son image personnelle et sociale comme le serait un type du Centre Émotionnel. De plus, Freud ne semble pas particulièrement à l’aise avec l’expression des affects et des émotions. Sa pensée psychologique a même tendance à les mettre à distance.


Le Centre Mental est le plus retiré et détaché de l’expérience immédiate et spontanée du réel, qu’il analyse par le biais de représentations et conceptions rationnelles. À ce titre, malgré son type cognitif extraverti (ENTJ), Freud semble tout de même plus ambiverti ou ambivalent sur l’axe de l’introversion et de l’extraversion au sens social. Ceci correspond aussi au caractère fortement indépendant de ce type.


Carl Jung : « Lorsque j'ai rencontré Freud, il était déjà un homme d'une cinquantaine d'années. Son mode de vie général était d'un style véritablement introverti. »


Le type 5, qui a pour Mécanisme de défense privilégié l’Isolation, et fait partie des types de Retrait (4,5,9) dans les Triades Horneviennes, est en règle générale le type ayant la plus grande introversion des 9 Ennéatypes. C’est le plus Retiré des types Retirés.


En raison de la suspicion et de la connotation fortement négative déjà mentionnées de Freud envers le mode d’introversion, qu’il juge névrotique, pathologique voire comme un repli narcissique, je doute qu’il puisse lui-même avoir un Ennéatype 5. De plus, la combinaison des types ENTJ et 5 est rare, voire antithétique.


Sur un mode purement archétypal, un ENTJ de type 3, 7 ou 8 serait plus extraverti, assertif, porté sur l’action et la réalisation de projets pour assouvir ses besoins ; tandis que l’aspiration et l'ambition intellectuelles de comprendre le psychisme humain seraient plus cohérentes avec un type Mental tels que le 5, ou le 6.


Freud ne manifestant pas l’Orientation du type 7, Joie et Optimisme, ni son style Positif (2,7,9) consistant à simuler une attitude positive et à nier les éléments problématiques ou désagréables à vivre, une hypothèse de ce type 7, bien qu’explorateur et innovateur, est également à écarter.


Il ne reste logiquement et par déduction que le type 6.

Si un grand nombre de 6 sont plutôt Introvertis, les 6 Extravertis existent bien, en part non négligeable.




Freud, un 6 (avec aile 5).


Type 6 :


Compulsion : éviter la déviance

Orientation : Loyauté

Passion : Peur, Lâcheté

Fixation : Doute

Vertu : Courage

Idée supérieure : Force

Mécanisme de défense privilégié : Projection



L’histoire a retenu Freud comme celui ayant émis un doute sceptique sur les motivations profondes de l’homme. Loin d’être le maître pleinement libre de sa volonté, il obéit à son insu à des éléments qu’il ignore lui-même : son Inconscient, ses pulsions, ses névroses… Ses théories sur la personnalité humaine indiquent aussi que celle-ci est constituée de trois instances : le Ça, le Moi, et le Surmoi. Ils interagissent et influencent le comportement, façonnant nos pensées, nos émotions et nos actions. Cette division des voix internes correspond aussi au comité interne souvent souligné chez la personnalité de type 6. Sa mise en garde contre ces forces intérieures vise à comprendre et maîtriser l’incertitude et l’angoisse intérieures du sujet pour renforcer les forces et les moyens du Moi conscient, pour lui permettre de constituer un cadre rassurant face au chaos intérieur.


En quête de certitude et de stabilité, Freud a souvent remis en question ses théories en vue de les rendre plus exactes ; son engagement intellectuel dans la dissection des motivations des individus s'inscrit dans l’esprit sceptique et anxieux du type 6, et l’inclinaison investigatrice du type 5 en quête d’une vérité analytique et conceptuelle.


Carl Jung : « [La théorie de Freud] se limite strictement aux faits empiriques [et] accorde le plus grand rôle à la sensation. »


Lorsque Freud est décrit comme un chercheur soucieux des détails et des faits concrets, j'envisage qu'un ENTJ 6, avec fonction dominante la Pensée extravertie (Te), et avec pour Fixation le Doute, se montrera prudent, sceptique, et cherchera incessamment des preuves logiques et palpables quant aux théories qu'il explore et énonce. Bien qu'utilisateur de la fonction tertiaire Sensation extravertie (Se), il se montrera également moins confiant, impulsif et aventureux.


Ses rapports fluctuants avec ses contemporains et collaborateurs indiquent aussi un comportement caractéristique du type 6 : entre recherche de soutien, de loyauté et d’affiliation face aux « ennemis de la psychanalyse », entre évitement de la déviance face à des dissidents du mouvement psychanalytique dont il était l’initiateur et le père fondateur : cette méfiance est visible dans ses conflits avec ceux contestant ses idées, tels qu’Adler ou Jung (pour son goût pour le paranormal, l’ésotérisme, le mysticisme…).


L'« angoisse de castration » freudienne me semble s'inclure dans un psychisme de 6, qui dans sa psychogenèse fait face à une figure parentale perçue comme ambivalente (voire punitive), et se retrouve coupé des aspects de son Essence (Courage et Force) ainsi que mis sous l'emprise des mécanismes de son Ego (Peur et Doute), résultant en un doute de soi (et des autres) et de ses propres moyens. Ceci engendre dans la personnalité de type 6 le besoin d'une autorité ou d'une appartenance (concrète ou abstraite, comme un système de pensée ou de croyance) en laquelle placer sa confiance.


Enfin, la Projection, mécanisme de défense privilégié du 6, est également présente chez Freud, comme semblent l'avoir suggéré maints détracteurs de ses théories, en lui reprochant d'avoir étudié ses propres névroses, et d'en avoir tiré une généralité sur la psyché humaine.


Sonu Shamdasani : « Le défaut de Freud a été qu'il n'a jamais su voir au-delà de sa propre conception des choses, qu'il considérait comme universelle. »


Ceci témoigne aussi de la difficulté, voire interroge sur la possibilité, à être entièrement objectif en ce qui concerne l'observation et l'étude de l'esprit humain, dans toute sa complexité et sa diversité. L'observateur est aussi l'observé.



Cette analyse tend bien à identifier Sigmund Freud, ce « sphinx psychologique », comme un ENTJ 6w5.





Par Julien Dzn

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Avec Julien Dzeuang, Praticien MBTI et Ennéagramme à Paris

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